Journée d’étude : “Sauvage et/ou domestique, l’animal du Proche-Orient à l’Asie centrale”, IISMM, Paris, 15/11/2024

Sauvage et/ou domestique, l’animal du Proche-Orient à l’Asie centrale

Vendredi 15 novembre 2024, IISMM, salle B 3.1, bd Raspail (Paris 75006)

Comment définir ce qui relève du sauvage et du domestique ? Pouvons-nous délimiter ces espaces semblant intrinsèquement s’opposer ? Et ne sommes-nous voués qu’à percevoir l’animalité dans un rapport de dualité avec l’humanité ?  

Fabrice Guizard-Duchamp, dans son article intitulé « Les espaces du sauvage dans le monde franc : réalités et représentations » paru en 2006 au sein du numéro thématique Construction de l’espace au Moyen Age : pratiques et représentations des Actes des congrès de la Société des historiens médiévistes de l’enseignement supérieur public, renvoie avec pertinence aux études anthropologiques questionnant ces terminologies. Ainsi, notre représentation du monde ne peut s’inscrire dans une conception universelle mais découle d’une construction contextuelle se structurant par la transmission de divers modèles identitaires et culturels.   

Ce questionnement d’un espace sauvage et domestique revêt d’autant plus de notions multiples en prenant place dans cet espace diversifié et difficilement définissable qu’est le monde islamique. Le musée du Louvre, à travers son département des Arts de l’Islam, le désigne comme un espace prenant naissance à l’apparition de Muhammad au VII^e siècle et se déployant de la péninsule ibérique à l’Inde. Cet espace s’appuie sur le présupposé de l’unification de multiples territoires unis par l’usage de la même langue, l’arabe, et par la foi en l’Islam. Mais essentialiser cet espace à travers ces deux présupposés soustrait l’œil non averti à la très grande diversité de communautés multiculturelles et multiconfessionnelles qu’il abrite. 

Cependant, il semble nécessaire de déterminer une possible norme afin de percevoir ce qui s’en écarte. Ainsi, le Coran, par son rôle cosmologique d’ordonnancement du monde, détermine une taxinomie des espèces animales. Mohammed Hocine Benkheira décrit ce système de classification dans son ouvrage, 

Islam et interdits alimentaires, paru en 2000. Selon lui, « si la classification des espèces animales est toujours anthropocentriste, ce n’est pas principalement parce qu’elle vise des fins propres à l’espèces humaine, c’est surtout parce que l’homme et le groupe humain en constituent le foyer central, et irradient sur l’ensemble du système ». À partir de ce postulat, la question du degré de domestication du monde vivant semble alors fondamentale. L’ordonnance du monde animal peut ainsi de diviser en trois groupes : les animaux domestiques, ahlī ou insī, les animaux non domestiques, wahšī ou wuhūš, et la faune aquatique, bahrī ou mâ’ī. L’humain quant à lui se place au-dessus de ces trois groupes dont le positionnement semble déterminé par son degré de proximité avec l’Homme. Au sein même de ce classement, certains animaux peuvent faire figure d’exception à l’instar du chien qui, malgré son statut d’animal domestique, chasse les anges et est assimilé aux mondes des Djins. Cette perception du monde mêle des conceptions provenant de cultures préislamiques et influence naturellement l’iconographie de ce monde islamique. Il semble pourtant nécessaire de le percevoir comme une clé parmi un plus large trousseau ouvrant des perspectives de compréhension multiple face à l’univers de représentation animalière du monde sauvage et domestique.   

Cette journée d’étude a donc pour objectif d’aborder cette question de l’animalité sauvage et domestique à travers différentes périodes et territoires, du monde préislamique oriental jusqu’à la période ottomane, en traversant le continent eurasien de l’Inde au Proche-Orient. Au regard de l’interdisciplinarité, l’histoire, l’archéologie, l’histoire de l’art, nos invités aborderont des thématiques liées à la représentation de l’animal sauvage et domestique dans l’ordre du monde, aux interactions entre l’homme et l’animal domestique/sauvage ou encore à l’univers des représentations à travers les emblèmes. 

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Programme

9H30 Accueil des participants

10H15 Introduction par Clémence Piquet-Delabrousse

10H30-12h30 – CYCLE 1 : L’animal dans l’ordre du monde 

Président-e-s de séance : Frédéric Hitzel (10H30-11H30) & Camille Grandpierre (12H00-12H30)

10H30-11H00 – L’articulation entre le monde animal sauvage et domestique dans les représentations visuelles de l’Iran de l’Antiquité tardive – Delphine Poinsot 

11H00-11H30 – L’inversion des relations inter-animales en contexte eschatologique – Nicolas Payen 

11H30-12H00 – Discussions & Pause 

12H00-12H30 – Quand le domestique fabrique le sauvage, le cas des canidae en Égypte du Néolithique au début de l’Antiquité – Jean-Olivier Gransard-Desmond 

12H30-14H00 – Pause déjeuner 

14H00-16H00 – CYCLE 2 : L’univers des représentations

Président-e-s de séance : Aida Alavi (14H00-15H00) &Chiara Tedesco (15H30-16H00)

14H00-14H30 – La soie et l’éléphant : quelques remarques sur l’emploi du motif d’éléphant sur le suaire de saint Josse et les soieries médiévales – Gwenaelle Fellinger 

14H30-15H00 – La représentation des animaux sur les céramiques Buff de Nishapur, IXe -Xe siècles – Sheila Samavaki 

15H00-15H30 – Discussions & Pause 

15H30-16H00 – Le lion et l’aigle dans l’emblématique mamelouke – Simon Rousselot 

16H00–16H15 – Clôture de la journée et remerciements par Jade Clerc-Dejour

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Retrouvez le flyer de la journée ici 24 ainsi que le programme en format pdf ici Programme JE Animal

Organisatrices : Jade Clerc Dejour (jade.cd@hotmail.com) et Clémence Piquet-Delabrousse (clemence.piquet@inha.fr).

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